
La chanson à texte est-elle meilleure que la chanson de variété ? C’est un débat qui suscite encore aujourd’hui de vives tensions.
Y a-t-il une réponse claire à cette question? Cela mérite réflexion.
La chanson à texte est-elle meilleure que la chanson de variété ? Un peu d’histoire

Au milieu du XXe siècle une différenciation entre « chanson à texte » et « chanson de variété » voit le jour en Belgique. Un mouvement de légitimation de la « bonne chanson à texte » propose l’appellation de « 9e art » pour qualifier le genre. En France en revanche, si les journaux disposent de rubriques pour la musique pop, pour le rock ou pour le jazz, il n’en va pas de même pour la chanson en tant que telle, le genre étant traité dans la rubrique dite « variété ». Ce qui conduit malicieusement Léo Ferré à chanter : « Je ne suis qu’un artiste de variété ».
La chanson à texte se situe en France aux frontières de la poésie dans un statut de « culture non légitime ».
En Belgique c’est la bourgeoisie et en France la classe moyenne qui souhaitent légitimer la chanson à texte.
En Belgique, la légitimation de la chanson à texte se fait par la proximité avec la musique classique alors qu’en France elle est réalisée par son rapprochement avec la littérature et notamment par l’association de ses auteurs, tels que Léo Ferré ou Georges Brassens et même de ses interprètes, comme Yves Montand, aux poètes.
Entre 1962 et 1966, on trouve à la suite des poètes, dans la collection Poésie et chansons de Pierre Seghers, les « huit représentants chansonniers. Léo Ferré, Georges Brassens, Jacques Brel, Charles Aznavour, Charles Trenet, Guy Béart, Pierre Selos et Anne Sylvestre. Mais aussi Georges Chelon, Leny Escudero ou Félix Leclerc. Ce dernier élargissant la sphère de la chanson à texte à la chanson québécoise.
Cette analyse vient du livre « Stratégies de la musique » d’André Lange que vous pouvez retrouver ici. Vous pouvez également en savoir d’avantage sur le site Wikipédia qui reprend cette information.
Prise de conscience

Personnellement, j’ai envie de comparer la chanson à texte à de la nourriture à plus grande valeur nutritionnelle (aliments si possibles non transformés tels que la salade, les fruits, de la viande dans une certaine mesure, etc.) et la variété, à un bon snack.
J’aime aller de temps en temps au snack, manger un bon dürüm poulet avec une frite sauce samouraï blanche. Cependant, je sais que je ne dois pas faire ça trop souvent car cette nourriture ne m’apporte pas tout ce qu’il faut pour rester en bonne santé.
Avant de prendre conscience de la nourriture à plus grande valeur nutritionnelle, je mangeais très souvent de la nourriture de fast-food, des plats en sauces, de la viande à outrance, etc. Je ne me rendais pas compte que ce que je mangeais me composait en majeure partie.
Tous les sept ans, le corps a changé complètement ses cellules, à l’exception du système nerveux. En apprenant cela, j’ai réalisé, grâce à mon épouse et coach personnelle en nutrition, qu’il valait mieux mettre toutes les chances de son côté et limiter la malbouffe.
Les mauvaises habitudes
Mes mauvaises habitudes venaient du fait que suis né dans une famille qui a été influencée par les plats préparés, transformés, à réchauffer et le micro-ondes.
Petit à petit, en faisant les bonnes rencontres, et en m’intéressant au sujet, j’ai découvert de nouvelles recettes, de nouveaux ingrédients, de nouveaux réflexes d’achat, etc. J’ai encore une certaine résistance au quinoa croquant, mais dans l’ensemble, je suis heureux d’en savoir plus et d’avoir fait cette transition. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, il faut prendre le temps, car les usages sont tenaces.
C’est le côté préparé, travaillé, avec de bons ingrédients, de la bonne nourriture, du temps et de l’amour qui donne sa valeur à la chanson à texte.
Intemporelle

J’ai été élevé dans une famille dans laquelle on écoutait Brel et Léonard Cohen, en plus de la musique classique. Il a donc été plus facile pour moi d’avoir accès directement à de la musique «à plus grande valeur nutritionnelle ». Même si je n’avais pas encore conscience de cette « qualité ». J’ai découvert la variété plus tard en écoutant la radio et via les autres familles ou copains.
J’adore certains morceaux de variété qui sont imprégnées de souvenirs par rapport à certains moments de ma vie. J’arrivais à en profiter pleinement quand je n’étais pas encore initié. Certains ont un côté lumineux, dansant, un air de vacances, de légèreté et de facilité. On se laisse porter par eux grâce à leurs mélodies. On ne réfléchit pas trop aux paroles qui sont davantage là pour se divertir, à l’instar d’un bon film Marvel.
Dans le même ordre d’idées, quand on s’intéresse au cinéma de manière un peu plus poussée, on est conscient que Citizen Kane, d’Orson Welles, est d’une autre importance que Wolverine. J’ai aimé regarder les deux, mais l’importance que cela a amené au genre cinématographique et le sentiment qui s’en dégage après avoir regardé l’un ou l’autre n’est pas le même. J’ai particulièrement apprécié Citizen Kane car on en avait fait l’analyse lors de mes études. Cela m’a permis de comprendre en profondeur que le scénario de ce film est tout simplement incroyable.
Cette comparaison peut être également faite au niveau de la différence entre une œuvre d’art et de la décoration, par exemple.
J‘ai l’impression que la chanson à texte a pour vocation de donner un niveau plus poussé au niveau du sens du texte et de la mélodie et que la chanson de variété essaie de coller de manière sonore et textuelle à une mode alors que la chanson à texte cherche davantage à être intemporelle.
Plaisir

La variété n’a donc pas la même « valeur nutritionnelle ». Mais, si une chanson procure du plaisir, c’est bien là le principal. Oui mais, c’est sur ce point qu’il y a matière à réflexion.
La plupart des gens ne s’intéressent pas à connaitre davantage les rouages de la chanson et la de la musique. Ils aiment ce que leurs parents leur ont fait écouter et ce qu’ils entendent à la radio. Ils perpétuent ces réflexes sonores dans leurs écoutes et recherches quotidiennes de musique sur les plateformes musicales tels que Spotify ou YouTube.
Le plus grand nombre, et j’en faisais partie, est très content d’entendre des artistes dont les codes restent inchangés par rapport à ce qu’il a toujours connu, sans se poser plus de questions, car leurs chansons lui procurent du bonheur.
Mais quand vous vous êtes intéressé à l’histoire de la chanson, à la manière d’écrire un texte pour que celui-ci soit savoureux au niveau de la forme et du fond, à savoir faire des arrangements et des mélodies, et quand vous avez écouté en profondeur les références de la chanson tels que Trenet, Brel, Barbara, Brassens, Ferré, Nougaro, Balavoine, Gainsbourg, Michel Berger, William Sheller, Philippe Lafontaine, etc. Il est alors difficile de faire comme si cela n’existait pas. C’est comme si une certaine naïveté n’était plus possible.
Comme la plupart des gens ne s’intéressent pas à connaitre davantage la richesse de l’univers qui compose une chanson de qualité, parce qu’ils ont d’autres centres d’intérêts, ce qui est normal, la plupart des radios sont obligées de mettre la variété en avant. C’est d’une logique implacable, qui n’est pas prête de changer.
L’implication des radios

La radio et les médias pourraient éduquer les oreilles, développer la culture musicale, mais cela prendrait trop de temps, sans garanties de résultats. C’est le marché qui dicte sa loi.
Certaines chaines, cependant, on ce parti pris, mais elles sont généralement subsidiées par l’état. A l’instar de La Première en Belgique, par exemple. Celle-ci pousse à la réflexion dans une émission telle que Sacré Français d’Alexandra Vassen. Ces radios ne sont pas soumises aux mêmes pressions financières que celles des chaines privées. Elles peuvent se permettre de prendre du temps pour développer le sens critique de ses auditeurs. Même s’il faut toujours garder à l’esprit que ce n’est qu’un avis parmi d’autres.
Tiraillement de l’auteur de chansons à textes

En tant qu’auteur ou auteur-compositeur, vous pouvez être tiraillé entre le fait de faire des chansons de variété, dans l’air du temps, pour avoir une chance de passer à la radio, ou de rester dans la chanson à texte.
Selon moi, c’est à vous de décider ce que vous souhaitez faire, ce que vous voulez défendre, en votre âme et conscience. Si vous êtes tout à fait aligné à ce que vous faites, foncez. Mais, il faut en être convaincu. Si vous faites semblant, ou que vous n’avez pas un grand talent d’acteur, votre public ne s’y trompera pas.
Il faut avant tout faire ce qui vous plait et ce que vous voulez incarner.
L’authenticité est importante, selon moi. Quelques-uns sont alignés directement, d’autres doivent chercher plus longuement.
Le succès
Certains artistes de chansons à textes ressentent une frustration car ils ne rencontrent pas le succès. Selon moi, c’est que leurs textes ou leurs mélodies ne sont pas encore assez aboutis. Ou que leurs chansons ne sont pas assez originales. Car le grand public réagit instantanément quand la chanson d’exception est là. J’en suis intimement convaincu. C’est alors, pour moi, un sentiment déplacé que de chercher des coupables autres que soi.
Un bon manager ou un bon attaché de presse peut aider à passer certains barrages et à convaincre certaines radios de prendre des risques.
Mais aujourd’hui si votre chanson est d’exception, vous pouvez rencontrer le succès via les réseaux sociaux.
Le graal est de rencontrer un succès populaire avec une chanson à texte. Je pense que pour obtenir cette grâce il faut passer par beaucoup d’étapes, beaucoup de travail, pour certains. Mais il faut peut-être aussi avoir ce petit je ne sais quoi, une sensibilité et une originalité, qu’ont les grands auteurs.
La chanson à texte est-elle meilleure que la chanson de variété ? Une frontière floue

Pour moi, la chanson à texte est un art majeur car elle nécessite de l’initiation par des maîtres et une connaissance approfondie, ce que la variété ne nécessite pas.
Mais la frontière entre les deux genres reste, malgré tout, assez floue. Peut-être que cela va dépendre de l’oreille qui écoute, qui dira que tel ou tel artiste est de variété et que l’autre est chanteur à texte.
La conclusion est que l’art existe avant tout pour procurer une émotion, quelle qu’en soit l’étiquette. Tout art trouve ses admirateurs et ses antagonistes, que vous soyez connaisseur ou naïf. Il y en a pour tous les goûts et les goûts ne se discutent pas, sauf dans cet article.
J’espère que vous avez aimé l’article « La chanson à texte est-elle meilleure que la chanson de variété ? ». Pensez-vous que la chanson à texte est meilleure que la chanson de variété ou inversement ? C’est quoi, pour vous, une chanson à texte ou une chanson de variété ? Faut-il, selon vous, beaucoup travailler pour obtenir une chanson de qualité ? Pouvez-vous me citer des chansons à textes qui sont des succès populaires ? Je vous invite à PARTAGER VOS QUESTIONS, AVIS ET IDÉES DANS UN COMMENTAIRE EN BAS DE CET ARTICLE !
Je m’appelle Guillaume de Lophem. Passionné de musique et particulièrement de chanson française, j’aide les artistes en herbe et professionnels qui veulent aller plus vite et plus loin dans la concrétisation de leurs projets musicaux. N’hésitez pas à VOUS ABONNER AU SITE MÉTHODE CHANSON pour être tenu au courant des prochains articles !
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